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NOTE DE REDACTION : Pour paraphraser Simone de Beauvoir, « on ne naît pas raisonnable, on le devient« . C’est ainsi que quiconque désire « bien s’entendre avec soi-même » (Camus) – ce qui implique un état mental relativement sain – doit s’atteler à un travail sur soi qui permette de « raison garder », à savoir d’agir à propos (Montaigne), en pleine conscience des motivations induites par chacun des 3 types de MOI. En ce sens, la Raison est un oxymore : une monade composée d’un triscèle, celui des trois MOI. La satisfaction vitale, le sentiment d’être à sa place, est au prix de ce travail d’élucidation et d’harmonisation des trois piliers et la Joie naît du travail lui-même, au contraire de l’insatisfaction qui naît de la non-conformité à un MOI sublime (vain). Les trois tâches du jongleur deviennent :
- JONGLER UTILE : faire le travail critique qui permet d’identifier le portefeuille des motivations générées par chacune des trois consciences ;
- POUVOIR JONGLER : faire le travail de pondération (de valorisation) entre les trois faisceaux de motivation, afin de ne pas perdre l’équilibre ;
- AIMER JONGLER : trouver la Joie dans l’activité même de jonglerie avec ces trois mondes différents, lorsqu’elle mène à la satisfaction.
N.B. Triscèle : cette jolie courbe fermée est à rapprocher du triscèle celtique (entrelacs également appelée monade, représenté plus bas) ou d’un nœud de trèfle (en projection plane) de la théorie des nœuds. À un coefficient multiplicatif près, son équation paramétrée peut s’écrire x = 3cos(t) + cos(t/2) y = 3sin(t) – sin(t/2). Selon le modèle géocentrique d’Hipparque, la courbe peut aussi s’interpréter comme l’orbite d’une planète tournant dans le sens rétrograde à une vitesse angulaire deux fois moindre que le centre de l’épicycle.
N.B. Monade tire son origine du grec monas, monados signifiant unité qui a donné mono (un seul). Les Pythagoriciens utilisaient le terme pour désigner les nombres s’écrivant avec un seul caractère. En philosophie antique, pour les néoplatoniciens d’Alexandrie (3è siècle), disciples de Platon, la monade signifiait dieu (unicité qui est aussi un tout). Leibniz utilisa le terme dans sa monadologie pour exprimer un élément premier, irréductible source de toutes choses (vie, action, énergie).
N.B. Le gankyil tibétain est un symbole et un outil rituel dans le bouddhisme tibétain, le bön, le chamanisme himalayen, le bouddhisme coréen, et le bouddhisme japonais. C’est le symbole de l’énergie primordiale, et il représente l’unité et l’indivisibilité de toutes les philosophies et doctrine du Dzogchen. C’est un attribut du Lion des neiges.D’après Namkhai Norbu Rinpoché : « Le Gankyil peut clairement être vu comme le reflet de l’inséparabilité et de l’interdépendance de tous les groupes trinomiaux dans l’enseignement du Dzogchen, mais il illustre peut-être tout particulièrement l’inséparabilité de la Base, du Chemin et du Fruit. » (Namkhai Norbu Rinpoché & Shane, Le Cristal et le Chemin de la Lumière).
N.B. La trinacria sicilienne : On retrouve en figure centrale une tête de femme ornée d’un nœud de serpents, d’où rayonnent les extrémités humaines citées ci-dessus. Elle représenterait Méduse, une des trois Gorgones. Les gorgones étaient des créatures fantastiques redoutables de la mythologie grecque. Mais… on retrouve la trinacria partout, notamment dans la céramique sicilienne. Peu savent qu’elle représente en réalité Hybla, la déesse de la fertilité pour le peuple sicilien antique ! Leur mère nature qui veille sur l’île, ailée en symbole d’éternité, de cycle du temps comme le cycle des saisons et des fruits de la terre. Ce sont les Sicules qui ont ajouté les serpents, symboles de sagesse (contrairement à ce que l’on pourrait croire), afin d’effrayer d’éventuels ennemis. Lorsque les Grecs sont arrivés, ils ont cru reconnaître leur déesse Déméter, appelée Medusa chez les Romains, tant est si bien que de nos jours, la majorité des Siciliens eux-mêmes pensent qu’elle représente Medusa. Autour de la tête, on peut voir la représentation d’un motif végétal. Les épis de blé, les grappes de raisin, les olives ou les agrumes rappellent l’importante activité agricole dans le pays depuis l’époque antique. Notons que la Sicile est pourvue d’un sol particulièrement fertile dédié à la culture de fruits, de légumes et de blé.
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La trinacria sicilienne…
Appellation de Tulving |
Conscience noétique |
Conscience autonoétique |
Conscience anoétique |
Appellation nouvelle |
MOI dogmatique & technique |
MOI héroïque & narratif |
MOI atavique & sauvage |
Selon Tulving (1985) | « niveau de conscience propre à la mémoire sémantique. Il se manifeste par la simple conscience de connaissances sur le monde, sur la base d’un sentiment de familiarité« | « La conscience autonoétique (connaissance de soi) est le nom donné au type de conscience qui permet à un individu de prendre conscience de son existence et de son identité dans un temps subjectif qui s’étend du passé personnel au futur personnel, en passant par le présent.« | « la mémoire procédurale est dite anoétique car elle s’exprime directement dans les comportements et l’action, sans conscience.« |
Selon Jorion (2023) | « La conscience « noétique » implique une conscience sémantique et conceptuelle sans conscience de soi ; elle implique la capacité d’appliquer des concepts à vos perceptions actuelles et de générer des connaissances à partir de celles-ci.« | « La conscience « autonoétique » est la conscience réfléchie de soi : la capacité de situer son expérience actuelle dans le cadre d’un récit de sa propre vie qui s’étend au passé et à l’avenir.« | « La conscience « anoétique », peut-être la plus insaisissable de toutes, est une expérience qui n’implique ni conscience de soi ni connaissance sémantique. Elle comprend, par exemple, des sentiments de justesse ou d’injustice, de confort ou d’inconfort, de familiarité, de malaise, de présence ou d’absence, de fatigue, de confiance, d’incertitude et de propriété. Il s’agit par exemple du sentiment que l’objet que l’on voit du coin de l’œil est bien un oiseau, du sentiment, en rentrant chez soi, que les choses sont telles qu’on les a laissées (ou pas), du sentiment que l’on est en train de contracter une maladie. Chez l’homme, ces sensations anoétiques se situent en marge de la conscience et ne sont que rarement au centre de l’attention. Chez d’autres animaux, il est possible que l’anoétique soit tout ce qu’il y a.« |
Ethique |
Dans la droite ligne de la théorie des Idées de Platon, toute une tradition philosophique s’est construite sur la recherche de la Vérité (ou des cinquante nuances de vérité, plus récemment). Vérité il devait y avoir, qu’elle soit transcendantale ou matérielle, car la connaissance devait être basée sur la CERTITUDE, fondement impératif pour pouvoir déduire – par spéculation – les caractéristiques de l’Être et, partant, les règles de la MORALE. Dans cette vision du monde, la morale est donc une question de CONFORMITE. Là est le danger… Or, il n’est de vérité (et donc de conformité rassurante) que dans les limites convenues dans domaine technique ; dans un domaine qui touche au vital, l’absence de vérité disponible pour fonder une décision oblige au jugement, ce qui implique l’intervention de soi. |
Parallèlement, si les mythes évoquent l’Être (les dieux), ils narrent surtout le parcours des héros, pas toujours reluisant, et, pour antiques qu’ils soient, les mythes et les contes sont en pleine modernité : à l’image des penseurs du XXe siècle comme Heidegger, ils content l’Être-au-monde vécu par chacun. La MORALE est alors dynamique et ne dépend plus de la conformité à des valeurs pré-existantes mais de la PERTINENCE de l’activité humaine. Là est le vertige… | Entre stimulus et réponse, l’espace semble trop restreint pour une délibération éthique. Restent les traumas qui, hérités de conditionnements antérieurs, peuvent activer des réflexes non-adaptés à la situation, car disproportionnés et aveuglants. |
Unités | mots & concepts (monolingue) | symboles & affects (multilingue) | sensations & réflexes (idiolectique) |
Raison d’être | formuler une vision du monde cohérente et supportable, afin de rendre crédible la pérennité du sujet | créer une fiction narrative qui permette la subsistance mentale du sujet face aux informations fournies par les deux autres consciences | réagir aux phénomènes perçus afin d’assurer la subsistance somatique du sujet |
Fonctionnement | logique & achronique | analogique & diachronique | réflexes & synchronique |
Terre de… | Explications, concepts, verbalisation, intellect et imagination (Diel), représentations symboliques (Cassirer), Sagesse (franc-maçonnerie), formalisation, dogmes et préceptes, discours, fabulations (Huston)… > représentations du monde verbalisées | Narrations, poésie, symboles, liberté narrative, association à des personnages mythiques ou fictionnels… > histoire de soi hors contingences | Sensations provoquées par les phénomènes du monde, corps, soma, matière, cerveaux, Force (franc-maçonnerie), éthologie, épigénétique, traumas |
# | #expliquer | #justifier | #pérenniser |
Critères d’identification | contenus verbalisés et logiques | contenus fictionnels sans détails accidentels | sensations non-verbalisées |
Valeurs | cohérence logique | satisfaction | homéostase |
Quel monstre à ma table ? |
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Comment raison garder ? | |||
Et si… | Et si les traumas n’étaient que des entailles dans notre cerveau et que l’histoire que nous racontons pour les habiller n’était qu’un travail de maquillage par le moi noétique ? |